~✶✽ Sirop de la forêt aux jeunes pousses d'épicéa ✽✶~

Nous étions partis cueillir l'aubépine aujourd'hui, mais avec ces longues journées de pluie, les fleurs n'étaient pas assez belles, même si elles venaient tout juste d'éclore. Je les cueille quand elles sont à peine ouvertes, avec le coeur bien rose, mais avec cette pluie les ayant abîmées, même si j'avais très envie de les récolter, mon coeur me soufflait vraiment que ce n'était pas le moment... C'est difficile parfois d'accepter de renoncer, mais être herboriste et œuvrer avec la nature, c'est aussi pouvoir écouter ses messages. Tant pis si il n'y a pas de récoltes, et même en temps que professionnelle et que l'on en vit, c'est d'autant plus important pour moi de ne pas céder à la pression du besoin financier et matériel, et de cheminer vers une nouveau paradigme, où nous ne récoltons plus parce que l'on doit récolter un minimum pour vivre, mais simplement parce que c'est la nature qui nous guide vers ce qui est juste.
Et c'est finalement en lâchant-prise sur l'aubépine, qu'une autre belle médecine s'est présentée, en abondance, avec cet épicéa triomphant ! Ces jeunes pousses sont parfaites, délicieuses, ni trop amères ni trop acides, alors nous avons profité de sa belle présence.
Pour la récolte des jeunes pousses d'épicéa (et c'est pareil pour tous les bourgeons), on ne récolte jamais les bourgeons terminaux, afin de laisser à l'arbre la possibilité de continuer sa croissance. Aussi, concernant les arbres et arbustes, une fois que l'on effectue une récolte, on les laisse tranquille pendant au moins deux ans. Si on récolte les bourgeons, on ne récoltera pas ses fleurs ni ses fruits durant deux ans, et si l'on récolte ses fleurs, on ne récoltera pas ses fruits ni ses bourgeons pendant deux ans, etc.. Ceci afin de leur laisser le temps de se régénérer et de ne pas épuiser les ressources de la nature. De plus, nous ne sommes pas les seuls à nous nourrir et nous soigner avec le règne végétal. Ces petites règles de cueillette sont souvent négligées parce que certaines plantes, arbres, fleurs etc. sont abondantes, mais faut-il vraiment attendre qu'une espèce soit en voie de disparition pour cueillir avec éthique et conscience ?
Une fois votre récolte effectuée avec gratitude pour cette belle nature généreuse, voici comment préparer un sirop qui soignera la toux et les maux de gorge :
Pour cette recette de sirop cru aux jeunes pousses d'Epicea, je me suis inspirée de la recette de Linda Louis, dans son livre "L'appel gourmand de la forêt".
Pour 250 ml de sirop :
- 200 gr de bourgeons d'épicéa (ou de sapin)
- 200 gr de sucre de canne
- le jus d'un citron
- un bocal, une passoire, une bouteille
Dans un bocal parfaitement propre, alternez les couches de bourgeons et de sucre. Versez le jus de citron, et remuez le bocal. Laissez-le au soleil plusieurs jours jusqu'à ce que le sucre ait fondu. Filtrez ensuite le sirop à travers une passoire et mettez en bouteille stérilisée, puis conserver au réfrigérateur.
Personnellement, je ne pourrai vous dire combien de temps se garde ce sirop, car il part rapidement en quelques semaines, étant donné que je l'utilise également dans ma cuisine sauvage, pour agrémenter dessert, sauce salade, petit déjeuner, etc...
Mais ayant réalisé beaucoup de sirops crus, je les garde facilement plusieurs semaines voir plusieurs mois au frigo, du moment que la quantité de sucre soit suffisante pour permettre la conservation sans prolifération bactérienne. Comme toujours, je reste proche de ma matière, je goûte, je teste, je réajuste... c'est comme cela que l'on apprend !
Belle préparation !